Témoignage d’un aumônier : faire le vide !

9 février 2017

Témoignage reccueilli pour le Dimanche de la santé 2016 - par Marie-Laure Molinier, aumônier au service de l’Aumônerie œcuménique du Centre hospitalier Henri Duffaut à Avignon.

C’est à l’hôpital, dans cet établissement qui accueille un public si divers, dans cette mission auprès des malades, des personnes très âgées, des personnes la plupart du temps bien vivantes et parfois proches de la mort, que ma relation à Jésus s’est enrichie, s’enrichit.

Comment  ?

J’ai choisi de vous parler de vide et de plein, de nudité et d’émerveillement. A l’hôpital, je rencontre la nudité :

  • La nudité des corps, au sens propre comme au sens figuré avec ceux en colère ou résigné qui seuls, ne peuvent plus marcher, manger, se laver
  • La nudité de l’esprit, avec ceux qui dont confrontés d’un coup à la maladie, parfois leur finitude, à l’angoisse du lendemain, à la recherche du sens de l’existence
  • La nudité de l’âme ou plutôt de l’Espérance avec ceux dont la vie chaotique marquée par la violence, le deuil – ou simplement le travail – n’ont foi en rien, préfèrent fermer les yeux à l’étincelle de Dieu qui pourtant les accompagne.

Face à cette nudité, quoi proposer  ?... La prière parait si dérisoire : nous n’avons ni stéthoscope, ni médicament. Le partage du corps du Christ ou l’onction des malades peuvent pour moi être des outils faciles, mais quels sens ont-ils pour l’autre : un lointain souvenir, une source de méprise  ?
Face à cette nudité, quoi proposer  ?... sinon ma propre nudité, mon impuissance face à celui qui crie sa souffrance, mon silence face à celui qui ne parle pas mais me regarde...Etre là, présente et nue.

Et pourtant, c’est dans ce vide... cette vacuité... que souvent tout se passe ou passe. C’est dans la simplicité et l’humilité du vide, que l’Esprit de Dieu peut occuper l’espace, que la parole de Dieu peut résonner et que l’étincelle de l’Espérance peut remplir un peu d’obscurité. Comme Adam et Eve qui se retrouvent nus sont habillés par Dieu, c’est l’Esprit de Dieu qui nous enveloppe, moi et celui que je rencontre et qui souffre. Moi je ne suis rien, c’est l’Esprit de Dieu qui fait tout  !
Alors dans cette rencontre fraternelle, la prière, le partage du corps du Christ ou l’onction des malades vécus en simplicité et vérité peuvent, avec l’Esprit de Dieu, devenir sources de joie, de vie, d’émerveillement. L’amour de Dieu ne demande qu’à être accueilli... et cueilli.

Même s’il le sait déjà, dans le silence ou la parole, je signale au Seigneur que cette personne a besoin de lui. Au Seigneur de prendre le relais, d’être une branche solide à laquelle la personne peut s’agripper pour se relever... ressusciter  !
J’ai appris à l’hôpital qu’il faut du vide pour accueillir le plein, le plein de l’Esprit de Dieu. Que c’est dans l’impuissance et la fragilité que se font le plus sentir la présence de Dieu, sa volonté de se faire proche de chacun, de marcher à ses côtés, sur son chemin, à son rythme...
Pour ce temps privilégié de Carême, je vous souhaite, je nous souhaite d’arriver à nous désencombrer pour que la prochaine lumière de Pâques puisse éclairer nos moindres recoins  !

Aux jeunes qui cherchent leur voie, à tous ceux qui sont marqués par l’épreuve, à tous ceux qui hésitent à s’engager (pour poursuivre le SEM par exemple),... allez vers toujours plus de simplicité, d’humilité. N’ayez pas peur du vide. Alors tout ira bien  !