Qui entendra nos cris ?
L’hôpital psychiatrique de Montfavet (CHM) a la chance de posséder une chapelle d’une capacité d’accueil importante. Chaque dimanche de l’année, une messe y est célébrée pour les patients, et ouverte à toute personne désireuse d’y partager l’eucharistie.
Depuis de nombreuses années, il a été convenu qu’une messe dominicale de la paroisse y serait célébrée durant l’hiver. Pourquoi ?
Le CHM représente une réalité forte dans ce quartier-village d’Avignon qu’est Montfavet. Celui-ci est marqué par une histoire psychiatrique de près de deux cents ans, les anecdotes (réelles ou fantasmées) en sont nombreuses. Inviter les fidèles à venir célébrer l’eucharistie avec des personnes touchées par la maladie psychique signifiait d’abord un effort réel pour chacun d’accepter de rencontrer « ceux qui sont différents » ; c’était aussi une grande richesse pour les uns et les autres, bien-portants ou non. L’hôpital psychiatrique est en effet - avec la prison - un des lieux privilégiés de la présence du Christ, car la misère psychique, affective, familiale, professionnelle, etc… y est partout présente.
Il nous est apparu, tant en équipe d’aumônerie que de Pastorale de la Santé, que cette célébration avec les patients et les paroissiens s’inscrivait parfaitement dans le cadre du Dimanche de la Santé.
Depuis quelques années, nous y avons donc organisé une messe regroupant les patients, l’aumônerie du lieu, les paroissiens de Montfavet, le SEM. Nous avons choisi d’y associer également les aumôneries des hôpitaux voisins (Avignon, Carpentras), sans oublier les mouvements et des professionnels de santé du CHM.
Une collaboration étroite s’opère entre les équipes d’aumôneries et la paroisse (équipes d’animation et de liturgie) : chants, lectures, prière universelle s’organisent avec les différents groupes participants ; le psaume est lu par un patient. Cette année, la messe était présidée par le vicaire de la paroisse de Montfavet et le prêtre accompagnateur de l’aumônerie du CHM.
L’un des moments forts s’organise autour de la procession aux offrandes : des patients viennent déposer une fleur devant l’autel ; pain et raisin sont apportés par des soignants ; ciboire et calice par des membres de Lourdes Cancer Espérance et de l’Hospitalité de Lourdes ; les membres du SEM apportent leurs custodes pour consacrer les hosties qui seront ensuite portées aux malades.
Nous avons choisi, cette année, d’insérer l’image-prière « Qui entendra nos cris ? » dans les feuilles de chants remises à l’entrée dans la chapelle : ainsi, nous avons pu la dire tous ensemble avant l’envoi.
A la fin de la célébration, les fidèles visitant une personne seule, âgée ou malade, étaient invités à venir chercher une fleur pour lui offrir, ou des patients pour leurs « collègues » hospitalisés ne pouvant se déplacer, ainsi qu’aux soignants de leur unité. Un verre de l’amitié a ensuite réuni toute l’assemblée au fond de la chapelle.
Jean-Luc LE CARPENTIER