Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient,
Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
Jésus leur dit :
« De quoi discutez-vous en marchant ? »
Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.
L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit :
« Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem
qui ignore les événements de ces jours-ci. » Lc 24.
Moi, tout ça, ça m’a rendu malade, sans forces. Ce qu’ils lui ont fait, c’est trop injuste. Et nous, on était trop peu nombreux pour tenter quelque chose ; on se serait fait massacrer. Et puis, il faut dire qu’au fond de nous mêmes on était profondément déçus : il n’a rien fait. Jusqu’au bout il s’est laissé faire, d’après ce que m’a dit ma femme Marie. C’est sûr, il est mort dans une grande dignité, mais ...
Alors nous rentrons chez nous, vite rejoints par cet étranger qui ne sait rien, lui. Nous lui disons notre déception, notre désarroi. Au fond, ça fait du bien de lui parler ; il écoute notre plainte. Et il nous dit la Parole de Dieu. Du coup il nous devient sympathique, presque familier et nous insistons pour le garder à la maison ce soir. Sa présence nous fera du bien.
Mais lui prend le pain et nous le donne, et là un éclair traverse mon esprit : c’est Lui ! Lui qui s’est fait notre compagnon de route, lui qui s’est fait notre hôte, lui qui a guéri mon coeur de toute sa peine, ses attentes trop humaines, son désespoir ! J’attendais un salut qui viendrait de l’extérieur, des événements du monde et voilà que je découvre qu’il vient du plus profond de mon coeur, de sa présence au plus intime de mon être, et ça, personne ne pourra plus jamais me l’enlever.
Allons vite raconter cela aux apôtres !
Cléophas